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    De Gaulle et la France

    On évalue la pertinence de la réponse en fonction d’une double maîtrise :

    - la connaissance de base de la biographie et de l’action publique de De Gaulle ;

    - la prise en compte du libellé de la question, qui problématise l’approche biographique (quelles représentations et quelles analyses de Gaulle a-t-il de la France ? quel rôle veut-il jouer et a-t-il effectivement joué ? quels liens estime-t-il avoir tissé avec la France et les Français ? quels actes a-t-il accompli en cohérence avec sa lecture des faits ? quelles attitudes ont eu et ont les Français à son égard ?... sont quelques-unes des questions que le candidat aura à se poser)

    Pistes :

    - de Gaulle s’inscrit dans une culture et appartient à une génération qui assigne une place majeure à l’Etat-nation et singulièrement à la France. Dans la continuité de Michelet (et en adéquation avec les textes contemporains de Péguy), il voit son pays comme une personne, à laquelle le destin a assigné un rôle essentiel à l’échelle européenne et mondiale et dont le niveau d’ambition pour elle-même ne doit pas faiblir sauf à se nier. Cela se repère dans sa lecture de l’histoire nationale au sein de laquelle il refuse d’opérer des tris, dans son entrée dans l’armée, dans son rejet instinctif de la défaite en 1940 et dans  son intraitabilité vis-à-vis de ses alliés durant la Seconde Guerre mondiale, dans son refus d’un monde bipolaire durant les années 1960, dans sa vision de la Communauté européenne…

    - l’une de ses singularités est qu’il a pu tenter de mettre en œuvre cette vision, en dotant le pays d’instruments d’indépendance, de continuité et d’influence : exécutif fort, abandon des colonies, arme nucléaire, nouveau franc et ouverture douanière, etc. Cet homme, qui inscrit son action et sa personne dans l’histoire, est le même qui promeut la modernité et se montre d’une réelle dureté quand il s’agit d’adapter la France à son temps (attitude durant la guerre d’Algérie)

    - cette vision et ce parcours portent en eux-mêmes leurs limites : identification entre sa personne et le bien du pays (voir ses  Mémoires de guerre et ses  Mémoires d’espoir), tentation de dissocier la France de toujours et les Français contemporains quand ces derniers le déçoivent (élection présidentielle de la fin 1965 par exemple), instrumentation de la construction européenne, propension à dramatiser les enjeux (référendum d’avril 1969)

    - tout montre que ses contemporains ont pris tôt conscience de l’envergure du personnage : ainsi les référendums constitutionnels de septembre 1958 et d’octobre  1962 bousculent-ils les clivages partisans. La production historiographique, les sondages de popularité ou la récupération par des essayistes ou des hommes politiques de presque tous les camps montrent que cette prise de conscience est devenue particulièrement forte dans les années 1990 et 2000. Mais l’atmosphère consensuelle actuelle ne doit pas faire oublier que de Gaulle a suscité contestation, rejet, voire manifestations de haine : méfiance d’une partie des résistants durant la guerre, refus des institutions et de sa pratique du pouvoir en 1945-1946 et à partir de 1958 par une grande partie des élites politiques et une partie de l’électorat, rejet par une bonne partie de l’intelligentsia de ses choix diplomatiques, rupture durable avec une partie de l’armée et avec les Rapatriés du fait de sa politique algérienne, sentiment vécu par une partie de la classe ouvrière que la croissance s’opérait à son détriment, usure aux yeux d’une partie de la jeunesse du modèle hiérarchique et du projet modernisateur d’après-guerre qu’il incarnait (mai 1968).

    Au total,  les liens entre Charles de Gaulle et la France sont à la fois profonds, apparemment durables et plus complexes qu’il n’y paraît aujourd’hui. 


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